Longtemps associés, les liens juridiques, biologiques et sociaux entre les membres d’une famille nucléaire se sont en partie dénoués à partir du milieu des années 1970, notamment dans un contexte démographique marqué par l’augmentation du nombre de divorce. Les catégories de « familles monoparentales » et de « familles recomposées », forgées dans les années 1980,
soulignent une approche de la famille fondée sur la résidence, le partage de la vie quotidienne, les liens sociaux. Ces expressions témoignent de l’individualisation des relations. Les recherches sociologiques abordent alors souvent, du côté des pères, la fréquence des visites et des hébergements, d’une part, le paiement de la pension alimentaire, d’autre part ; du côté des
mères, elles portent davantage sur leurs caractéristiques sociales et leurs conditions de vie matérielles.

De leur côté, les évolutions juridiques adossent la coparentalité au partage de liens de filiation. Ainsi, la loi de 1987, en prévoyant une résidence principale pour l’enfant, instaure, par défaut, une coparentalité en tant que responsabilité sur l’enfant (autorité parentale conjointe, étendue aux parents non mariés en 1993) mais non en tant que partage de la vie quotidienne.
La résidence alternée des enfants, autorisée par la loi en 2002, en apparaissant parfois comme l’expression idéale de l’exercice de la coparentalité après une séparation conjugale, pose la question de l’association (nécessaire ?) entre coparentalité et corésidence.
Dans ce contexte, et dans une suite de travaux initiés dans les années 19801 , la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf) a lancé en 2017 un appel à projets de recherche (APR) centré sur « Séparation et (co)parentalité ». L’objectif de cet APR était d’étudier les situations d’après séparation en (re)donnant consistance à la relation parentale, à la manière d’être parent et d’exercer la parentalité.

Deux axes de recherche ont été proposés. Le premier, portant sur les pratiques éducatives des parents, visait à savoir comment les parents définissent leur rôle et comment ils construisent leur relation avec leur enfant, quelle place ils accordent à l’autre parent dans la représentation qu’ils se font du bien de l’enfant et de l’importance de se référer ou non à un couple parental. Le second axe proposé invitait à considérer la manière dont la parentalité est construite en lien avec les institutions. Comment prennent-elles ou non en compte le fait que les parents sont séparés et que les enfants habitent dans deux foyers ? Les institutions portent-elles un modèle de coparentalité ? Si oui, le(s)quel(s) et de quelle manière ? Cet axe conviait les équipes à distinguer les « consignes »
institutionnelles, les pratiques des personnels administratifs et celles des personnels directement en relation avec les parents.